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Même mon chien peut être ergonome !

Sous ce titre un peu provocateur, il se pose la question de la diversité des compétences, des formations et des appellations des métiers tournants autour de la conception de l’IHM et de l’expérience utilisateur.

Le titre d’ergonome n’est pas protégé au contraire de certains titres comme « psychologue » qui nécessite d’avoir un Bac +5 en psychologie et un an d’expérience dans le domaine. Donc tout le monde peut se dire « ergonome », même mon chien. (Si j’en avais un ! Je vais en parler à mon cheval.)

Les tentatives de protection du titre d’ergonome.

Il existe plusieurs organismes professionnels qui cherchent à protéger le titre d’ergonome. On peut citer par exemple la SELF ou l’ARTEE , dans le domaine de l’ergonomie liée à la santé et au travail qui œuvre depuis plusieurs dizaines d’années, mais sans obtenir un résultat satisfaisant.

Plus récemment, dans le domaine des IHM, on a vu apparaître des tentatives de certification des processus de conception basé sur la norme ISO 13407 (Norme qui est en cours d’intégration dans la norme ISO 9241). Mais là, encore peu de résultats sont visibles.

L’ergonome, la mode et le troubadour

L’utilisation du titre d’ergonome par le premier troubadour venu a été fortement à la mode dans les années 2000. Il faut dire que même en sortant de la fac, un ergonome pouvait trouver très facilement un poste très bien rémunéré (40 k€/an et +)  dans une webagency. Il était alors facile pour un troubadour de faire beaucoup de bruit, de se dire ergonome, d’aligner 3 boutons puis de continuer son chemin quand les choses devenaient plus compliquées. L’ergonome, le vrai, récupérant alors un site dévasté par une horde de barbares en furies !

Depuis la mode à changer, le titre « ergonome » a perdu de sa valeur. La cote est montée sur d’autres titres « IA » (Architecte de l’information), « UX » (eXpérience Utilisateur), « DI » (Designer d’interaction), etc… Le problème reste le même, vu que c’est les mêmes troubadours qui continuent leurs chemins. Certains se sont bonifiés avec le temps, d’autres non.

Le problème dans tout cela ?

Il faut bien le dire l’appellation à peu d’importance, les diplômes encore moins. Et la compétence ? C’est la que commence le problème. Il y a en France un manque cruel de connaissances en matière de science des IHM et des méthodologies associées.

Il y a encore quelques jours, j’ai répondu à une demande sur une problématique de recherche sur un site web. Mon interlocuteur a été étonné que je lui propose dans un premier temps de regarder ce qui a été fait en matière de publications scientifiques sur le sujet. Il est pourtant évident que la recherche sur le web est un sujet étudié en long, en large et en travers. En dix minutes de préparation de l’entretien, j’avais déjà trouvé une douzaine d’articles pouvant être pertinents et deux ouvrages.

Dans bien des cas, les problèmes d’IHM sont traités par une série d’essais et erreurs, souvent un peu au hasard, souvent un faisant un peu comme le voisin, sans un réel recul par rapport aux problématiques. On en reste au niveau du trottoir de l’ergonomie : la couleur de la moquette. C’est navrant.

Le problème du trottoir, c’est que tout le monde peut y accéder même mon chien ! Entre l’officine pour « tests utilisateurs » qui promet monts et merveilles sans aucune méthodologie, le graphiste designer d’interaction et ergonome, le chef de produit concepteur d’IHM,…, beaucoup de mélanges, de belles « gueules de bois » et au total peu de compétences, peu de connaissances.

Et pour améliorer les choses ?

Est-ce que seul l’ergonomie rencontre ce problème ? Non, très clairement le marketing rencontre le même problème récurrent de manque de méthodologie. Les professionnels du marketing ont su réagir avec des organisations comme l’ESOMAR qui propose une charte pour les études de marché. Je vous propose simplement de lire le paragraphe concernant la publication des résultats :

Article 11 PUBLICATION DES RESULTATS

  • Lors du compte-rendu des résultats d’une étude, les professionnels des études de marché doivent faire clairement la distinction entre les conclusions, leur propre interprétation de celles-ci et les éventuelles recommandations qui en découlent.
  • Lorsque des conclusions d’une étude sont publiées par le client, celui-ci doit consulter le professionnel des études de marché quant à la forme et au contenu de cette publication de conclusions. Le client et le professionnel des études de marché doivent tous deux s’assurer que les résultats publiés ne sont pas trompeurs.
  • Les professionnels des études de marché doivent toujours être prêts à mettre à disposition les informations techniques nécessaires à l’évaluation de la validité des conclusions publiées.
  • Les professionnels des études de marché ne doivent pas permettre d’associer leur nom à la divulgation des conclusions d’une étude qui ne seraient pas étayées de manière adéquate par les données de cette étude.

Les études d’ergonomie réalisées par des ergonomes ou non qui ne respectent aucun de ces points, sont malheureusement nombreuses.

Il serait donc temps de faire les choses dans le bon ordre ! De tirer le marché de l’ergonomie et les personnes qui le compose vers le haut, vers l’excellence et gravir les échelons vers une prise en compte de l’expérience utilisateur.

Auteur :

Lead UX designer en Freelance depuis le dernier millénaire ! J'aide à concevoir des services, des applications en étant centré sur l'utilisateur et ses usages.

2 commentaires

  1. Excellent article ! Le titre provocateur m’a attiré comme une abeille sur du miel je dois avouer…

    Concernant les ergonomes du début des années 2000, j’ai effectivement entendu dire que c’était un peu tout et n’importe quoi.

    « En 2000, j’ai bossé avec un ergonome… c’était du pipeau » m’a-t-on récemment confié.

    C’est vrai qu’en France, l’ergo c’est pas encore ça ! Tu fais bien de citer également l’exemple concernant la référence systématique des « vrais » ergonomes à des supports scientifiques : pour moi qui ai une formation ergonomie et facteurs humains, cette démarche me semble effectivement on en peut plus logique, mais alors, pour la plupart de mes interlocuteurs, qu’est ce que ça peut paraître saugrenu !

    Merci pour cet article Raphaël 😉

  2. Je serais moins extrême et je pense qu’il faut savoir différentier les contextes et les besoins.
    J’imagine que dans certaines situations il faut aller trouver l’expert, l’Ergonome dont la formation et l’expérience sont en conséquences.
    Par contre en tant que développeur, je pense qu’une ouverture intellectuelle et la lecture d’articles et ouvrages permettent d’apporter la touche UX qui sauve de l’échec ergonomique flagrant. Surtout que je suis de plus en plus convaincu que dans la réalisation de projet informatique la clé du succès ergonomique est dans la gestion des besoins de l’utilisateur et du dialogue avec celui-ci.

Les commentaires sont clos.


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