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Bonne cause et rémunération

Ha, mais c’est pour une bonne cause, ha, mais c’est pour le service public, c’est particulier, c’est normal d’être moins payé.

Ça fait une semaine que j’entends ça dans le cadre de mon boulot quand je parle de TJMs, et ça s’applique aussi dans le cadre associatif ou d’organisations à but non lucratif.

Quand on demande pourquoi ? Pourquoi je devrais être moins payé, voire mal payé, que dans le privé ? la réponse est souvent : « C’est de l’argent public (directement ou par subvention), on n’a pas le droit moral de le dépenser n’importe comment. »

Prenons la santé, la sécu à un coût de fonctionnement de 7 %, les mutuelles de l’ordre de 17% et les sociétés d’assurances de l’ordre 25%. Ça donne 3 catégories :

  • Non marchand : Sécu, pas de concurrence, pas d’actionnaire, coût minimum
  •  Marchand : Mutuelle, concurrence, pas d’actionnaire, coût moyen
  • Capitaliste : Société, concurrence et actionnaires à rémunérer, coût maximum

Dans le cadre capitaliste, si on te paye mal, c’est pour maximiser le bénéfice et donc la rémunération des actionnaires. Où alors on te paye bien avec une pression excessive, te conduisant au Burn-out. C’est logique, pas forcément éthique, mais logique.
Dans le cadre non marchand, si on te paye mal, ce n’est pas pour les bénéfices, il n’y en a pas. Pour réduire les coûts, mais le fait, d’être non marchand ou juste marchand réduit déjà les coûts.

On peut prendre la question dans l’autre sens. Pourquoi le capitalisme paye mieux ? Pourquoi je suis mieux payé à travailler dans un cabinet de conseil, une banque que pour une association ou une administration ?

  • Une banque me propose de travailler sur un logiciel d’optimisation fiscale. Je vais être très bien payé et en plus ça va permettre de faire perdre de l’argent à l’état.
  • Le ministère des Finances me propose de travailler sur un logiciel de contrôle de l’évasion fiscale. Je vais être payé une misère et ça va faire gagner de l’argent à l’état.

Ça ne va pas. Logiquement, si on parle de « bonne cause » ou de dépense publique, je devrais être mieux payé en travaillant pour l’état que pour le capitalisme.

On sait aussi que mal payé va de concert avec mal considéré et mal traité. Donc si cette on suit la logique jusqu’au bout : « C’est pour une bonne cause, c’est normal d’être mal payé et mal traité. »

Je ne suis pas née de la dernière pluie, et je sais bien que c’est ce qui se passe notamment avec tous les métiers du soin. Mais il serait temps d’inverser la logique :

« C’est pour une bonne cause, tu vas être payé à ta juste valeur, ça t’évitera d’aller vendre ton âme au diable »

Une citation qui rejoint ma réflexion.
« Dans le capitalisme, nous ne sommes considéré comme travailleur que lorsque nous avons une activité qui met en valeur du capital.

On est travailleur pas du tout en tant que personne, c’est notre activité qui nous définit comme travailleur. Et ce n’est que si notre activité met en valeur du capital que c’est du travail.  »

Bernard Friot

Auteur :

Lead UX designer en Freelance depuis le dernier millénaire ! J'aide à concevoir des services, des applications en étant centré sur l'utilisateur et ses usages.

1 commentaire

  1. Oh pinaise ! Tout est dit ici. C’est fou qu’on considère que prendre soin des autres, avoir un vrai impact bénéfique pour les autres, ne compte que pour des clopinettes. Que ce soit dans le médical, la pédagogie, le « social » (j’aime pas ce mot là) ou autres, ce sont des métiers pas valorisés. En Finlande, les métiers de l’éducation sont tout de même plus valorisés. Bon, leur pédagogie est profondément différente aussi.
    J’arrive pas à savoir si c’est un problème culturel d’approche ou si c’est autre chose ou un mille feuille. mais ayant vécu à l’étranger, je vois de grosse différence de vision.
    Merci pour cet article.

Les commentaires sont clos.


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