Le débat autour du titre d’ergonome revient de manière récurrente sur la liste ErgoIHM. Il tourne autour de 3 ou 4 sujets : le titre, les compétences, la formation et le recrutement.
Le titre
Pour ce qui est du titre le plus simple, c’est d’aller voir sur Linkedin, ce que ça donne en termes de statistiques :
- Ergonome : 11 714 personnes
- Mes relations directes : 454 personnes
- UX designer : 441 299 personnes
- Mes relations directes : 1505 personnes
Donc oui, le terme utiliser pour se définir est UX designer. Les diverses tentatives de protection du titre d’ergonome et de la profession sont restées sans suite, sans retombées concrètes en particulier dans le secteur du numérique. Sauf que le secteur du numérique lui a fortement évolué ces dernières années, aussi bien en termes de structuration que techniquement.
Le seul titre qui est protégé à ce jour, c’est celui de « psychologue » pour ceux qui ont un bac +5 en psychologie. Si c’est votre cas, vous pouvez aller vous inscrire auprès de l’ARS et avoir un numéro Adéli. Il y a même une catégorie « Psychologie du travail, ergonomie » qui visiblement ne sert pas beaucoup dixit la personne qui m’a inscrite !
Aujourd’hui, on voit apparait de plus en plus de direction « Design » placé au même niveau que les traditionnelles directions RH ou Informatiques, avec un vrai rôle de décisionnaire. La maturité des entreprises vis à vis des démarches UX, de l’importance d’une vraie connaissance des utilisateurs est en train d’évoluer très rapidement. D’un point de vue technique, aujourd’hui si vous concevez l’interface d’un robot ménagé, il proposera des recettes de cuisine qui seront issues d’une communauté d’utilisateurs, communauté qui pourra se retrouver lors d’événement physique. Le temps où l’UX designer était juste un wireframiste est révolu. Il est nécessaire de penser systématiquement en termes de services et de parcours utilisateurs.
Les compétences
Pour les compétences, au lieu de chercher à savoir qui sont les bons ergonomes et les mauvais ergonomes, les bons UX designers et les mauvais UX designers, comme les bons et les mauvais les chasseurs, personnellement je m’appuies sur un modèle de compétences en T.
Suivant sa formation, son parcours professionnel chacun va pouvoir identifier ses compétences fortes, ses faiblesses. Ça permet aussi de constituer des équipes avec des profils qui se complètent. Ça permet aussi de redonner l’importance à des compétences acquises en autodidacte et d’éviter de s’enfermer dans des postes ou des rôles trop liés à une formation initiale, par exemple.
Les formations
C’est pour moi le point faible actuellement. En gros, en très gros, ça se divise en deux catégories : les formations universitaires et les formations privées. Les formations universitaires vont permettre d’apprendre plein de choses fondamentales, mais vont oublier le côté opérationnel permettant de trouver un travail à la sortie. Elles ont largement plusieurs métros de retards par rapport à l’évolution de l’UX design. À l’inverse, on a de nombreuses formations privées qui donnent des bases opérationnelles en oubliant de parler des fondamentaux. Donc à moins de suivre les deux types de formations ou d’avoir assez d’envies pour aller chercher ces connaissances par ailleurs, il y a un moment où l’on risque de se retrouver coincé dans son domaine, sans arriver à évoluer.
Le recrutement
Je parle de recrutement et pas forcément de recherche d’emploi, oui, car comme on dit : Ux designer est un métier en tension. C’est un doux euphémisme pour dire que les recruteurs rencontrent les pires difficultés pour recruter. Du côté recruteurs, ils vont recevoir beaucoup de candidatures à côté de la plaque (Le profil « graphiste » qui postule sur un poste de recherche utilisateur) et donc avoir de grandes difficultés à faire un premier tri. En suite, pour les profils correspondants, il faut trouver comment les intéresser. Le salaire et le babyfoot ne faisant pas tout, ça devient beaucoup plus compliqué. Le rapport de force étant clairement en faveur du salarié et non de l’entreprise qui souhaite embaucher. On voit alors aussi des stratégies de formations internes, afin de recruter des juniors et de les faire monter rapidement en compétences.
Ce qui apparait aussi du côté du candidat, c’est que le salaire ou le poste ne sont plus les seuls éléments de choix, mais les valeurs de l’entreprise et comment elle les mets en places sont aussi des éléments importants.
En résumé, je dirai simplement, oubliez les histoires de titres, c’est vain. Concentrons-nous sur les compétences et comment les partager et les valoriser ?
Pour moi le titre est lié au recrutement. Grossomodo on est dans une situation « le serpent se mord la queue » et ça craint.
Je déteste le titre « UX/UI designer » parce qu’il fait mouton à 5 pattes je fais tout et n’importe quoi, si je devais définir mon travail aujourd’hui je dirais que je suis un UX Designer avec des affinités pour le design produit. Je fais de l’UI mais bon c’est pas ma tasse de thé, enfin, pas ma priorité.
Mais si je cherche un job à Luxembourg, il vaut mieux que j’ai UX/UI dans mon profile LinkedIn. Pareil sur mon portfolio au final.
A Luxembourg (mais grosse impression que Bruxelles ou Paris c’est pareil), les boites qui recrutent des designers mettent toutes « UX » dans le titre, et ça veut tout et rien dire Effectivement comme tu le soulignes dans la partie recrutement, c’est du grand n’importe quoi. On recrutait un UX designer (un vrai, orienté user research pas juste wireframes), j’ai vu passer des CV de printeux qui font des pochettes de CD qui ont mis UX dans leur titre. Donc : les gens qui rédigent les offrent mettent « UX » en pensant que ça va magiquement résoudre tous leurs soucis alors qu’ils ont pas la maturité pour et en vrai sont juste prêts à voir un webdesign ou UI designer dans leur team. Les designers qui cherchent un boulot sont plus ou moins obligés de mettre UX dans leur titre pour passer le filtre « recrutement ».
J’ai discuté avec le lead UX d’une banque ici, ils recrutent un UX researcher, mais bon, leur offre est pas clair, ils ont mis UX/UI dans le titre et pleins de compétences (dont connaitre le HTML CSS). J’ai discuté avec leur Senior UX pour connaitre un peu la vrai teneur du projet, il m’explique que c’est pas mal de recherche, idéation et co-conception. Il m’explique aussi que au final, il a eu le même souci que moi : une grosse partie des profiles qu’on lui a proposé étaient des UI très sympas, mais dès qu’il les mettait devant une situation qui demandait des compétences plus sur de la recherche, c’était fini.
Je veux pas te déprimer, mais entre :
– les équipes de recrutement qui mettent n’importe quoi dans les offres,
– les designeuses et designeurs qui veulent juste un job et s’adaptent à ce n’importe quoi dans leur titre,
– les formations halakon qui deviennent aussi une grosse foire à la saucisse (vegan :p), les vendeuses et vendeurs de pdf et celles et ceux qui te promettent d’être UX designer en un weekend de bootcamp,
on a pas fini d’en souper de ces balivernes 🙁
+1000!
En Belgique, même phénomène qu’au Luxembourg. A chaque fois que je postules à une offre, on me demande un BAC + 5 en wireframe. Aucune valorisation de mes compétences de recherche. S’il n’y a pas UI dans mon profil, ça passe difficilement. Et c’est vmt un problème pour la montée en compétence… Ce n’est que récemment que j’ai rencontré des personnes qui n’ont pas eu peur de mon profil très orienté « research ». Et encore, même en mission clientèle, je dois encore et toujours expliquer, évangéliser et sensibiliser à mon métier et surtout à sa plus-value.
T’as tout dit :
» Il est nécessaire de penser systématiquement en termes de services et de parcours utilisateurs » et » Concentrons nous sur les compétences … » (=´∀`)人(´∀`=)