C’est la troisième demande que je reçois en quelques jours d’étudiants en licence ou master pour réaliser un entretien sur le métier d’ergonome. Il se trouve que j’ai répondu au premier, le deuxième avait des questions bateaux, et le troisième a reçu une réponse qui a inspiré ce billet.
A toi l’étudiant,
Les réponses que tu cherches se trouvent dans cet article qui date un peu, mais ça suffira largement pour ton enseignant. Tu pourras éventuellement le compléter avec cet article plus récent.
- Sinon, quand tu t’adresses à moi évite de commencer par « Madame, Monsieur, » moi c’est que Monsieur, il n’y a pas de doutes possibles, si en plus tu fais un mailing, fait le bien !
- « Toutes informations recueillies restera anonymes. » Ce n’est pas questionnaire c’est un entretien, si je te dis quelque chose, je l’assume !
- « En vous remerciant de votre participation, mon étude s’achève dans quelques jours, je vous prie d’envoyer vos réponses par mails le plus rapidement possible. » Ce n’est pas parce que tu t’y ai pris au dernier moment que je vais faire ton boulot pour hier.
Ce n’est pas que tu m’es désagréable mais voilà, ce n’est pas avec tes questions que je vais faire vivre ma famille. Passons à ton enseignant.
Donc à toi le prof.
Oui, maintenant, à toi le prof qui a eu la superbe idée de demander des entretiens à tes étudiants, tu en as combien d’étudiants ? Une centaine ? Vous êtes combien à avoir eu cette idée en France? Ou c’est un quelconque technocrate qui a eu cette brillante idée ? Toujours est-il, tu n’es pas sans savoir que le nombre d’ergonomes en activité diplômé par l’université ou le CNAM en France est assez limité. On va dire entre 1000 et 2000. Une grosse majorité exerce au sein d’entreprises et donc ils ne sont pas « joignables ». La minorité visible est représentée par les petits cabinets et les indépendants. Sur cette minorité, le nombre qui a un site web correctement référencé est encore plus faible. De toute manière, tu sais bien que tes étudiants ne vont guère plus loin qu’une requête avec deux mots clefs dans Google et les 3 ou 4 premières pages de résultats pour les plus courageux. La crème de tes étudiants studieux ou paresseux va faire une recherche sur un réseau professionnel comme Viadéo ou Linkedin. Mais au final, inévitablement, ils tombent sur les quelques ergonomes qui traînent par là et c’est toujours les même !
Alors sache, Ô prof, que 20 minutes et 3 questions sur les méthodes, ça ne suffit pas pour expliquer le métier. Que pour faire comprendre les choses, il faut rentrer un peu dans le détail. Ce qui est intéressant dans un entretien, ce n’est pas la théorie dont tu aurais dû parler dans tes cours, mais la pratique, les difficultés avec les clients ou les autres intervenants sur un projet ; La complexité de certaines situations, entre changement d’outils, d’organisations, amélioration du confort ou de la sécurité des utilisateurs, est intéressante mais un peu longue à décrire. Au final pour répondre correctement à un étudiant intéressant et intéressé, il faut bien compter une heure que se soit par email ou par téléphone.
Donc, la prochaine fois que tu demanderas à tes étudiants de faire un entretien avec un ergonome, réfléchis y à deux fois avant. Ne serait-il pas plus profitable, par exemple, d’inviter (moyennant finance si besoin) l’un d’entre eux à venir échanger avec tes étudiants pendant une heure ou deux ? Ne pourrais-tu pas leur faire cours avant pour qu’ils ne posent point des questions à deux francs six sous ? Proposer une alternative à l’entretien, afin d’éviter aux ergonomes d’avoir à recadrer des étudiants qui sont aussi motivés que des lemmings pour aller se jeter dans la mer…
Ça, c’est fait.
Je suis complètement d’accord avec toi 😉 ça me rappel quand j’été étudiant en licence et qu’on avais des entretiens à faire de souvenir au du système D lol
Moi aussi, j’ai reçu quelques contact, de dernière minute également parce que l’échéance avait changé au dernier moment.
Et les questions… pas facile à comprendre, avec des termes comme méthodes et outils dont je n’ai toujours pas saisis ce qu’ils comprenenaient l’un l’autre.
Tu l’as eu celle là aussi !
Ah oui je n’avais pas vu cette problématique.
Je te remercie donc encore d’avoir répondu à mon interview moi qui ne suis même pas étudiant 😀
Tes questions / réponses dans ton premier article sont extrèmement intéressante moi qui me posais la question sur une formation pour rajouter l’ergonomie à mon CV. Le CNAM en cours du soir pourrait donc avoir son intérêt ?
Eh oui ! Pour ma part je dois en être à mon quatrième ou cinquième entretien en une semaine. Suis-je un grand cœur ? Un pigeon ? Ou encore quelqu’un qui doit s’améliorer dans la gestion de ses priorités ? Sûrement les 3.
Ce serait tout de même intéressant de laisser les étudiants se regrouper afin de ne pas avoir à redire les mêmes choses.
Le mieux serait encore de faire intervenir au cours d’une journée plusieurs consultants et ergonomes internes. Ce serait plus performant pour tout le monde et moins lassant pour l’ergonome sur sollicité.
Je souscris… certains diraient « plussoie » au billet ainsi qu’à la remarque de Jean-Charles Dodeman.
Je viens de recevoir un questionnaire, alors que je n’avais rien demandé, composé uniquement de questions ouvertes, en grand nombre, à partir desquelles on pourrait écrire autant de livres…
En même temps, c’est la rançon de la gloire ;-)…
Je vous rassure, à la fac on a de nombreux intervenants qui viennent nous raconter leurs métiers d’ergonomes.
Cependant, la plupart ne le font pas d’une manière habile. Ils nous bassinent de théorie (on en a déjà pas mal avec nos profs…) et ne rentrent pas dans le vif du sujet (description d’une intervention).
Donc c’est bien beau de critiquer le collectif universitaire, mais sachant que les ergonomes extérieurs ne sont pas des plus pédagogues pendant leurs interventions de 2 ou 4H, koman-kon-fé ?
Par contre, +1 pour le manque de terrain dans les UE dispensées à la fac
Il faut voir quelle demande a été faites aux intervenants externes par les enseignants. Ils ont peut être eu des demandes précises. D’un autre coté, savoir faire une intervention n’a rien d’évident, certains y arrivent assez naturellement, d’autres doivent sortir les rames !
Je pense qu’il ne faut pas hésiter à questionner les intervenants sur la réalité de leur métier, même si ça sort du cadre du cours.