Vendredi dernier avait lieu le Flupa Ux day, une conférence d’une journée organisée par FLUPA pour parler d’UX et se rencontrer. Je vous propose un petit résumé de la journée avec mes réflexions, mes coups de gueules sur les conférences que j’ai vues. (Je suis resté dans la grande salle et n’ai pas vu les ateliers)
Gabe Zibermman et Gamefication
Une belle conférence comme les orateurs « pro » savent les faires. C’est agréable à entendre même si c’est en anglais et que j’ai un peu du mal à comprendre toutes les subtilités. Ce qui est pertinent c’est qu’il arrive à toucher tous les publics de pro de l’UX au novice. Ça se déroule gentiment, à menant à quelques réflexions sur la gamification. Ce que j’ai retenu c’est un jeu pertinent un jour le sera peut être moins le lendemain voire lassant par la suite.
Des « companions » apps, Marwan Achmar
Un sujet présenté comme un retour d’expérience et quelques règles simples à retenir. Cela a permis de susciter pas mal de questions et de réflexions sur la AAO « l’assistanat assister par ordinateur ». L’exemple est celui du GPS qui sert à vous orienter. Vous n’avez plus acquérir de compétences en topographie mais vous vous trouvez dépend de la technologie qui peut vous lâcher.
L’UX dans les nouvelles formes d’économie, l’économie circulaire, Lionel Fleury
J’avoue m’être attardé sur le buffet de la pause et n’être arrivé qu’en milieu de conférence. C’est dommage pour moi, car le sujet m’intéresse, notamment avec l’idée de faire évoluer le comportement des personnes vis-à-vis des problématiques écologiques. Ça rejoint des thèmes auxquels je m’intéresse comme le persuasive design. Ce sont des sujets d’avenirs qu’il faut suivre !
L’UX sans papier, ou comment faire de l’UX sans documentation, Sophie Henry
C’est un intéressant point de vue que nous a présenté Sophie. Une démarche qui me parle, mais qui n’est pas forcément évidente à mettre œuvre, tous les jours. L’idée est de réduire au maximum la documentation écrite en produisant un maximum de schéma, de wireframes, mais sans nécessairement détailler tout. Dans un deuxième temps, elle se rend compte qu’il faut aussi co-travailler pour avancer rapidement et efficacement sur certains sujets. Elle préfère donc travailler directement avec son DA, plus tôt que de concevoir puis donner au DA qui fait son boulot. L’aspect gamestorming a aussi été pour travailler avec certains clients « sérieux » de la finance qui rentre très bien dans les jeux.
Je me réjouis de cette présentation sur bien des aspects : diminution des livrables écrits au profit de livrables visuels et de prototypes. Elle souligne aussi la nécessité d’avoir quand même des guidelines. Cette conférence me rappelle celle que j’avais vue à la kiwiparty de Kaelig Deloumeau-Prigent, qui travaille au Guardian et dont la charte ergo/graphique est en réalité la CSS du site.
Pourquoi l’UX Design va s’éteindre en France, heureusement pour nous, Leslie Matté et Risvan Asif
Une belle présentation à deux, bien préparé et bien animée ! Cela parlait d’expérience utilisateur, d’ergonomie, et de toutes ses notions qui s’affrontent dans le landernaux de la conception d’IHM. Ils proposent de renommer tout ce petit monde designer d’expérience. C’est louable comme initiative, sauf que c’est un débat stérile qui dure depuis des années avec différents titres (Ergonome européen, designer d’interaction). Sur Ergoihm, quand on voit le sujet apparaître, on sait très bien que c’est un sujet à troll. Depuis 15 ans que je suis dans le métier, ça revient régulièrement. Si définition, il y a besoin, définissons-nous par ce que nous faisons et non par une appellation.
Après, je pense que l’analyse reste très partielle, notamment l’absence de prise en compte de l’ergonomie dans les projets, qui est pour moi très lié au management issu de grandes écoles où l’enseignement du facteur humain est absent.
Design émotionnel, d’un design universel vers un design humain, Jacinthe Busson
C’est une présentation dont j’avais déjà vu la trame, mais Jacinthe l’a modifiée régulièrement pour la faire coller à l’actualité des sites. C’est une présentation bien rodée qui nous rappelle l’importance de la part des émotions dans nos décisions. Un poil longue, mais plein d’exemples, c’était donc parfait pour la sieste postprandiale ! Moi, j’aurai tendance à compléter avec quelques références d’articles scientifiques, mais pour un public non-ergonome ça fait son boulot !
Optimisation d’un outil de personnalisation BtoB pour une grande marque de distribution, Olivier Sauvage
Bon, là, c’est juste n’importe quoi. C’est un profond manque de respect pour le public et pour les organisateurs qui passent pour des guignols. Oui, une présentation ça se prépare à l’avance et ce n’est pas le moment pour chercher sur son mac les images qu’on va présenter au fur et à mesure. Après faut arrêter de raconter des conneries, faire de l’oculométrie à chaque fois n’a aucun intérêt, etc … donc franchement c’était nul.
UX en équipe agile ou Lean : comment s’y prendre ? Sophie Freiermuth
Heureusement, que Sophie était en suite là pour remonter le niveau ! Ça tombait bien, il fallait largement cette présentation rock&roll pour nous redonner la pêche. Avec humour et sincérité, elle nous décrie le quotidien de mission en freelance dans des équipes de développement fr-agile où il faut parfois sauver les meubles à la tronçonneuse, parfois fuir rapidement et parfois encore travailler dans la joie et la bonne humeur. On retiendra qu’il est plus facile et moins douloureux de se suicider en sautant d’un pont, que de faire de l’UX Agile dans une start-up !
LT
J’ai malheureusement du partir prendre mon train avant la fin, mais ce que j’ai vu des lightning talk était assez excellent. Les intervenants avaient bien compris le format avec des présentations très courtes, dynamiques et humoristiques. Donc une excellente cuvée !
Les pauses,
Entre toutes ces conférences, il a aussi les pauses avec comme d’habitude de belles rencontres. C’est l’occasion de revoir des personnes qu’on n’avait pas vue depuis un moment et de rencontrer IRL ceux qu’on suit sur les réseaux sociaux. Avec le même traiteur sympa qu’on avait eu pour les ateliers de juin, ce qui ne gâche rien aux pauses !
Totalement d’accord pour la présentation sur le Retour d’expérience BtoB d’Olivier Sauvage…
Quand à la présentation sur l’UX / Ergo / DX / …. je trouve également qu’elle n’apportait pas grand chose, trop de débat stérile, trop d’étiquettes et pas assez de définition, trop d’à priori, trop de « colère » mal placée, … et surtout trop d’incohérence dans le raisonnement. A mon humble avis en tout cas.
La conférence sur les companions App manquait selon moi d’un peu plus d’analyse
Pour le reste, les présentations étaient de très grande qualité 🙂
J’ai loupé quasiment toutes les conférences décriées pour des discussions hors-conf ou pour les ateliers, au demeurant, plutôt intéressants ! En particulier, « Les technologies du sensoriel » de Justine Dubourg qui nous a rappelé l’odeur (et le goût…) de la célèbre colle Cléopâtre ainsi que l’importance du sensoriel dans les achats impulsifs…
Les autres conférences sur lesquelles, je partage l’avis positif, étaient très instructives. Je tire mon chapeau bas à Sophie Freiermuth qui m’est apparue telle une étoile dans le ciel de l’UX day. La classe !
P.S. Ravi d’avoir fait ta connaissance IRL. A+
P.P.S. Osé, le coup du sextoy !… qui est passé en quelques secondes d’affordance en catachrèse :-))
Bonjour Raphaël,
Puisque tu me descends en flamme, merci de me laisser publier une réponse à ton compte-rendu incendiaire sur ma présentation.
Bien sûr que non, je n’avais pas préparé ma présentation. Car faire des copier-coller de screenshots dans un powerpoint, personnellement, j’ai un peu de mal à voir ce que cela apporte en terme de contenu. Ce qui compte, me semble-t-il, c’est justement ce qui est dit et l’interactivité avec la salle. Evidemment, il n’y a pas de Power Point à télécharger, mais c’est peut être ce que tu attendais et que tu estimes important (bien que je ne le crois pas).
Deuxièmement, j’avais décidé d’aborder la problématique sur un angle, qui est non pas de l’ergonomie, mais celui de la manière de pouvoir pratiquer et convaincre les entreprises de faire de l’ergonomie. Ce que j’arrive assez bien à faire, en général. Mais là aussi, c’était peut être hors sujet, puisque sinon il aurait peut être absolument parler de méthodes agiles, etc. Cela dit, quand on sait à quel point il est difficile de pratiquer l’ergonomie dans le domaine du commerce, il me semblait intéressant d’en parler.
Merci tout de même pour ta critique constructive. Je ferai donc un Power Point la prochaine fois. Et quand aux organisateurs, je m’en expliquerai avec eux, s’il y a lieu.
Bien à toi
Olivier Sauvage
Je vais compléter mes remarques.
Sur la forme, non, je n’attends pas une présentation PowerPoint à tout prix, bien au contraire. Une présentation peut être faite sans un support visuel, comme Pedro Hernandez nous a proposé un Lightning talk sans support, c’est plus dur à suivre, mais on est plus concentré sur l’orateur (qui doit être bon). Mais la présentation doit être préparée à l’avance et pas faites en live. On a autre chose à faire que te regarder farfouiller dans tes fichiers et ce n’est pas ça crée de « l’interactivité avec la salle ». Tu as 150 personnes qui ont payé 5 € (si on rapporte au nombre de conf) pour ça ? Non, je pense qu’elles ont payé pour un retour d’expérience construit et constructif. J’ai eu 3 ou 4 retours et je peux te dire qu’ils n’étaient pas positifs.
Sur le fond, le thème que tu as soumis était intéressant, mais tu ne l’as pas suivi ou c’était tellement le bordel qu’on n’a pas compris ce que tu racontais. Tu as glissé un nombre certain nombre d’approximations, qui pour moi reflète aussi ton manque de sérieux. Si ça te faisait chier de venir présenter, il fallait le dire. On aurait trouvé un remplaçant sans problème. Parce que c’est franchement l’impression que ça donne, tu te pointes juste avant ta présentation et tu repars juste après, le tout les mains dans les fouilles.
Pour ce qui est des organisateurs, j’en fais parti, mais n’hésites pas contacter Guillaume pour en discuter.
Ok. Merci de ton retour.
Bonsoir Raphaël,
De mon côté, je suis resté un peu sur ma faim concernant l’intervention de Gabe Zichermann. Je trouve qu’il ne met pas assez en perspective la gamification, et ne dénonce pas les nombreuses dérives liées à l’utilisation détournée par le marketing de certains principes (de loyauté par exemple).
Je préfère le discours de Roman Rackwitz sur ce sujet, que je trouve un plus « intègre ».
Il a publié encore hier un excellent article « Gamification – Let’s talk marketing » : https://www.linkedin.com/today/post/article/20140923202753-57620628-gamification-let-s-talk-marketing?trk=object-title
Après, mon impression est peut-être liée aux différences culturelles entre l’approche anglo-saxonne et européenne ?
En tout cas, se réjouir de la gamification du vote au travers d’une loterie pour inciter les citoyens à venir voter me fait personnellement frémir… C’était comment déjà cette vieille formule ? « du pain et des jeux » ? ah oui, c’est ça.
Par ailleurs, je trouve moi aussi dommage de trop se focaliser sur les problèmes de « définition » du métier (ça faisait parfois un peu thérapie de groupe ;-p) et je te rejoins sur le fait de se concentrer sur la fonction (« ce que nous faisons ») plus que sur la terminologie…
Et plutôt identifier les leviers à utiliser afin d’arriver à intégrer toujours plus l’expérience utilisateur dans les stratégies des entreprises en France…
Ou bien encore identifier des terres vierges à défricher comme les nouvelles formes d’économie comme l’économie circulaire 😉
Par exemple, l’économie collaborative a fait un décollage spectaculaire grâce à l’UX. Il suffit de regarder les interviews des créateurs de Blablacar (100M€, plus grosse levée de fond en France…) ou les profils de poste des product manager de covoiturage.fr pour s’en convaincre…
On est déjà convaincu avec Lionel qu’il en sera de même pour l’économie circulaire.
On constate toujours un décalage important entre le besoin et la demande. Au mieux, cela s’arrête souvent à intégrer du Design (et uniquement dans la dimension esthétique pour augmenter l’attractivité du produit en première approche), plus rarement sur les utilisateurs finaux et leur contexte d’usage.
Une question que je me suis posé à l’issue de cette première participation à un UX Day (fort bien organisé au demeurant, bravo à l’équipe Flupa !) : combien de décideurs ou créateurs d’entreprise étaient présents dans la salle ? Combien de personnes issues des fonctions marketing ou commerciales ? D’ingénieurs (profil CTO ou chefs de projet) ?
Car ce sont eux qui à un moment donné décident (ou pas) d’intégrer la dimension UX à leurs projets (produits et services)… Encore faut-il en comprendre les enjeux, les contraintes – oui, ça prend du temps de faire de la recherche utilisateurs, non monsieur ou madame, l’agile ce n’est pas prévu à la base pour faire « vite et mal », donc on doit pouvoir faire de l’UX et de l’Agile si on s’en donne les moyens, etc.- et bien entendu le ROI, les success stories, à l’inverse les gros fails faute d’une démarche cohérente autour de l’utilisateur final, etc.
Merci de partager avec franchise ton point de vue,
Bonne soirée,
Xavier
Et bien moi je vais repêcher Olivier Sauvage ! Après quelques années de métier, ma difficulté est moins de concevoir l’IHM, de trouver des solutions améliorant l’UX, que de les faire adopter. Son intervention, par son angle d’approche, répondait donc à mes questionnements. Certes un peu improvisé, mais néanmoins intéressant. De toute façon, un retour d’expérience est toujours riche d’enseignements.
J’ai également apprécié les interventions méthodo, notamment des deux Sophie, et beaucoup moins les sujets, trop tendance, sur la gamification et le design émotionnel, parce que ça flirte plus avec le marketing que l’ergo.