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Logiciels médicaux, ergonomie et certification.

J’ai entendu à la radio, puis lu sur internet cet article du Parisien sur les problèmes que posent les logicielles médicaux. C’est la deuxième fois en quelques semaines que je vois des articles sur le sujet. Le premier est un témoignage d’un médecin paru sur Rue89. Personnellement, cela ne m’étonne pas plus que cela. Visiblement, en plus de problèmes techniques, il existe des problèmes d’ergonomie, comme le précise un des commentaires :

Il y a 1 an, j’ai reçu comme patient, un informaticien concepteur de logiciel hospitalier. Je lui ai demandé pourquoi ils étaient aussi chiants à utiliser (franchement, il faut le voir pour le croire). Il m’a répondu simplement que les hôpitaux ne voulaient pas qu’ils demandent l’avis des médecins et infirmiers, seuls les administratifs peuvent les essayer et donner leur avis. Les logiciels sont dont uniquement à administrative et financière, et pas à visée médicale.

Ou encore dans l’article de Rue89

Pour ce qui est de ses prélèvements microbiologiques, j’en ai pour quinze minutes montre en main pour tout éplucher. Les compte-rendus sont classés dans trois onglets de façon chronologique. Mais tout est mélangé : les examens positifs et négatifs, les urines, le sang, la peau ou les crachats…

Cela rejoint pleinement ce que j’avais pu observer sur le terrain, dans un samu en 2011 déjà : des problèmes d’ergonomie doublés de problèmes techniques.

L’article parle aussi d’une certification qui sera délivrée en 2015. Je n’ai pas trouvé d’information sur cette certification, mais ça m’étonnerait pas que l’aspect « ergonomie » soit un peu oublié car la certification en ergonomie n’est pas nécessairement évidente. De plus les sociétés productrices de ces logiciels, comme beaucoup d’éditeurs de logiciels professionnels et pas seulement en médecines, n’y connaissent rien en ergonomie.

Si quelqu’un a des infos sur le processus de certification de ces logiciels médicaux, je suis preneur.

[MAJ] Le document de référence : Référentiel de certification par essai de type des logiciels hospitaliers d’aide à la prescription.

Le paragraphe concernant l’ergonomie est juste consternant :

Les interfaces de prescription 3.1. Exigences générales d’ergonomie

  • 12 Lorsque le LAP est utilisé dans le cadre des spécifications techniques définies par (E) l’éditeur dans la documentation technique du logiciel, tout au long du processus de prescription, une zone active ne peut comporter des barres de défilement verticales imbriquées (à l’exception des menus déroulants).

  • 13 Lorsque le LAP est utilisé dans le cadre des spécifications techniques définies par (E) l’éditeur dans la documentation technique du logiciel, tout au long du processus de prescription, l’éventuelle barre de défilement verticale est toujours accessible. Si l’affichage d’une liste dépasse la taille de l’écran, le système l’indique clairement.

  • 14 Indépendamment du système d’exploitation, tout au long du processus de (E) prescription, un zéro précède le séparateur décimal pour les nombres affichés inférieurs à 1.

  • 15 Tout au long du processus de prescription, pour toutes les données numériques affichées, ni la virgule ni le point ne sont utilisés comme séparateur de milliers, indépendamment du système d’exploitation.

  • 16 Tout au long du processus de prescription, le LAP affiche :

    • – le nom de naissance du patient, au moins un prénom, son âge et son sexe ;

    • – le numéro de lit, l’Unité Fonctionnelle d’hébergement où le patient est hospitalisé lorsqu’ils sont précisés ou un intitulé de la consultation où est rédigée l’ordonnance ; – le nom du prescripteur identifié par sa session (critère 1).

  • 17 Le LAP ne permet pas d’imprimer un récapitulatif des prescriptions en cours (critère (E) 35) avant la fin de la saisie de la prescription.

  • 18 Le LAP permet d’afficher la signification en toutes lettres en français des icônes, des (E) alertes et des signaux d’information affichés par le LAP ou par la BdM.

  • 19 Le LAP n’affiche aucune publicité. (E)

  • 20 L’éditeur fournit un manuel d’utilisation imprimable en français et met à disposition de (E) tous les utilisateurs, dans le LAP, une aide sur l’utilisation du LAP.

Consternant…

Auteur :

Lead UX designer en Freelance depuis le dernier millénaire ! J'aide à concevoir des services, des applications en étant centré sur l'utilisateur et ses usages.

9 commentaires

  1. D’accord sur tout mais un détail dans le Parisien mérite attention : le vendeur de « Chimio » parle de bug et de mise-à-jour. Tous les softs ont des bugs et doivent être mis-à-jour. Même avec une certification, s’il n’y a pas de canal de maintenance/correction facile, ça ne marchera jamais vraiment bien.

    • Oui, Voir la certification empêchera les mise à jour rapides, car il faudra repasser tout le processus pour être certifié avant de déployer.

  2. Je suis ergo dans un hôpital et…je pleure ! Je me débat dans ces problématiques depuis la nuit des temps. Déjà il est impossible de faire en interne une analyse des besoins bien faite : la technique prime, le budget prime, on est en retard sur le projet, et de toutes façons, et c’est l’argument contre lequel je ne peux rien : le marché est fermé. Il existe trop peu de fournisseur. Aucune close « ergonomique » dans les marchés,et les certifications même minimales (homogénéité, cohérence, …). Tout est axé sur des certification des années 70, en attendant je ne sais plus quelle certification qui sortira et unira tout le marché, personne ne bouge depuis…ben les années 70 : trop cher de changer les process et tout ça. Et on se retrouve avec des logiciels de Digues. Et sur le terrain ce système nous empêche de faire un cahier des charges exigeant en termes de besoins utilisateurs.
    Concernant la certification 2015 c’est un truc incroyablement complexe à mettre sur pied à cause des retombées économiques et politiques. J’en ai débattu avec maints acteurs, un peu oublié tout ça, mais grosso modo ça voudrait dire un gros service de contrôle avec informaticiens plus calés que les prestataires, du libre, du lobbying (moins pudiquement : corruption), la mort d’une série d’entreprises (ou leur expatriation) et donc du chômage, parceque ces exigences impliqueraient une conception plus poussée, moins de « corrections » facturées, un process plus minutieux, et donc moins concurrentiel qu’ailleurs (ça coûterait trop cher pour fabriquer un truc pour la France). On pourrait penser à faire des services d’état, souvent plus compétents et adaptés comme le montrent quelques exemples (Lille, Territoriaux parfois, ..). Mais là aussi : cette mutualisation entraînerait du chômage, une perte d’industrie qui exporte bien actuellement, … Bref, pas du simple. L’ADULACT est un début de certification pour les territoriaux…
    Bref il y a un vrai choix d’orientation politico-technologique assez passionnant, auquel j’aimerai bien voir des ergos (moi ! moi ! moi !) associés !

    • J’avais aperçu un bout du bordel, mais vu comme ça je compatis !

  3. Le sujet d’e-Santé m’intéresse en tant que l’ergonome et pas seulement. Le colloque Numérique Industries du Numérique et de la Santé & Autonomie ce mois-ci m’a donné un aperçu sur les problèmes d’organisation, de financement, de communication racontés par les décideurs et les experts. Ce n’est pas un problème de bonne volonté, il y en a.
    Le dossier médical partagé, dont le développement est géré par ASIP http://esante.gouv.fr/ est un autre sujet où les ergonomes devraient participer. Il faudrait retropédaler en 2004 pour clarifier le besoin, concerter les acteurs… afin de tourner le service public vers son public : http://www.rue89.com/2012/10/04/dossier-medical-personnel-gachis-et-conflit-dinterets-tous-les-etages-235802

    • On a un défaut les ergonomes, je trouve, surtout par rapport à l’ancienne génération : on n’ose pas sortir du bois du terrain pour aller vers les institutions politiques. Ou on n’est pas outillés pour ça. Ou c’est juste une impression ?

  4. Face à des gaspilleurs économiques qui agissent dans leur propre intérêt, un ergonome n’est pas outillé. Face à des décideurs de bonne volonté mais submergés par leurs problématiques, c’est peut-être aussi un problème de l’offre, du langage et du collectif ? Dans le milieu de santé, on connaît l’offre d’un ergothérapeute (évaluateur & adaptateur), contrairement de celle de l’ergonome dans l’expérience de l’utilisateur & digital.

    Fabrice, est-ce qu’il y a déjà un collectif e-santé & ergonomie pour en discuter de vive voix ? Ou faut-il le créer autour d’un verre dans la capitale ? J’aime bien : ‘Tout seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin.’

  5. Juste pour info concernant le point :
    « Oui, Voir la certification empêchera les mise à jour rapides, car il faudra repasser tout le processus pour être certifié avant de déployer. »
    Non, en fait, dans le processus, c’est écrit que l’éditeur n’est pas obligé de repasser une certification à chaque fois. Il y a un espèce d’accord moral pour préciser que l’éditeur s’engage repasser la certification seulement si des points de la certification sont impactés. Sinon, il peut faire des mises à jour quasi transparentes (et heureusement)

  6. Hello, je reprends un peu de temps !
     » y a t-il déjà un collectif e-santé & ergonomie …? » Pas à ma connaissance.Et je ne suis pas sur la capitale. Mais je pense qu’on n’est pas les seuls à avoir eu cette « brillante » inspiration. A mon avis des gens ont essayé ou essaient de se fédérer là-dessus. Il s’agirait surtout de les identifier. Une piste peut-être : à Lille, il y a (avait ?) un labo d’ergo IHM au sein même du CHU. Je ne sais pas ce qu’il est devenu, quel est son lien avec ces questions, et s’il connaît les acteurs que nous recherchons. Mais il est certain que les enjeux de notre positionnement sont essentiels ici (pour la santé des personnels comme des patients). Et ne pas se positionner, ne pas faire entendre sa voix que l’on sait légitime, c’est en soi un positionnement (c’est celui de se dire que ce n’est pas si inacceptable en l’état et qu’on peut laisser faire les choses….).

Les commentaires sont clos.


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