Il y a quelque temps, je suis tombé sur le Tweet suivant :
« Je recherche un UX designer freelance spécialiste des applications pour tablettes ! ».
Cela m’a rappelé quelques souvenirs, car personnellement, j’ai souvent eu en entretien, ce type de remarques « Mais vous n’êtes pas spécialisé en web ? Ou en mobile ? Ou en application machin ? » sous-entendu vous trop « généraliste », vous n’avez pas enchaîné 10 projets pile poil dans notre domaine… Sans prendre en compte que l’expérience utilisateur est une méthodologie, qu’elle s’applique sans problème sur n’importe quel support et surtout qu’elle ne se limite pas au support.
Ayant posté la question sur le groupe UX paris, l’auteur du tweet a précisé son besoin.
« Mon objectif (et celui de ma société) est de trouver une personne ayant déjà travaillé sur des applications mobiles et qui pourra nous aider à acquérir les réflexes dans la conception de ce type de logiciel
Je suis d’accord que la méthodologie en UX s’applique à tous les domaines… mais en pratique l’objet sur lequel est utilisée l’interface dispose de règles qui lui sont propres. »
Je comprends l’idée, pour expliquer mon point de vue par rapport au tweet sorti de son contexte, je vais revenir un peu en arrière.
Les règles dont vous parlez sont les guidelines iOS, Android ou Windows 8.
Ces guidelines sont eux-mêmes des évolutions plus ou moins importantes d’autres systèmes MacOS X, Metro, Windows, eux-mêmes issus de versions antérieures Mac OS 9, NeXT, Windows 95, … Tous issus des travaux du Xerox PARC, qui ont débouché sur les Interfaces WIMP (Windows, Icone, Menu, Pointing) dans les années 70. Certes, il y a des différences sur les moyens d’interactions (le doigt, à la place de la souris) ou la gestion des données par l’application (absence de gestionnaire de fichiers), mais ça reste marginal.
Donc dans un processus de conception UX, je vais faire tout le processus amont d’analyse des usages, déterminer les fonctionnalités utiles en fonction de l’utilisateur, du contexte et de la tâche. Puis lors de la conception, je vais appliquer à l’arborescence de l’application, le guidelines qui convient pour le support cible. Mais ce n’est qu’une des variables. Appliquer iOs ou Windows 8, ou MacOS X, ou même une interface web, c’est quasiment la même chose en terme de conception. Des éléments sont différents, le graphisme change, mais on a toujours, au niveau conceptuel, des écrans avec des objets, des icônes, des menus avec les actions qui agissent sur les objets, etc…
Donc oui, il faut quelqu’un qui sait comment on construit une application, quelqu’un qui sait prendre en compte le contexte d’usage, quelqu’un qui connaît l’existence des guidelines et qui sait comment les utiliser. On est sur un champ de connaissances beaucoup plus large que les « applications pour tablettes ». Un spécialiste es « applications pour tablettes » aura d’ailleurs sans doute du mal à transmettre ses connaissances, car il manquera de méta-connaissances (connaissance sur les connaissances).
Pour donner une idée, de ce que m’a inspiré ce tweet ; quand l’iPhone est sorti en 2007, j’avais déjà pas mal travaillé sur mobile, les vrais, sans écran multitouch, sous divers OS (Symbian, Windows Mobile, Palm,etc…), voir créé un guidelines spécifique. J’ai rencontré plusieurs prospects qui m’ont demandé si j’avais déjà fait des applications iOS, j’ai répondu honnêtement « non » en expliquant le pourquoi et le comment. A l’époque je n’ai visiblement pas convaincu.
Ça rejoint l’article publié hier sur les bonnes pratiques par Stéphane Deschamps sur le train de 13h37.
Je cite la conclusion :
« En résumé : ne nous reposons jamais sur nos acquis et soyons toujours capables de savoir d’où vient une pratique. Connaître l’histoire du médium, même sur une période aussi courte, nous permet autant de comprendre ce que nous faisons que de le questionner pour toujours faire mieux. »
Superbe article, je reconnais tout à fait les choses que j’essaie d’expliquer aux clients et recruteurs.