Non, je ne vais pas faire de politique ici, mais comme pas monde j’ai consulté les résultats du vote à l’assemblée nationale sur le mariage.
Les résultats sont :
- Nombre de votants : 566
- Nombre de suffrages exprimés : 556
- Majorité absolue : 279
- Pour l’adoption : 331
- Contre : 225
Il y a surtout, de mon point de vue, 5 députés qui se sont trompés dans leur vote et qui ont demandé une correction. Cela fait un peu moins d’1 % d’erreur. Si c’étais un avion ou une centrale nucléaire, ça ferait des catastrophes à tour de bras ! Il se trouve que ce n’est que l’assemblée nationale, mais que ça peut faire aussi des catastrophes.
On peut aussi se demander comment un député peut se tromper ? Il est là à attendre le vote. Il connaît dispositif de vote. Il l’utilise régulièrement. Et dans le cas présent, il a eu le temps de se décider avant (enfin normalement).
Si vous avez regardé la vidéo du vote, vous pouvez constater que le temps pour voter est relativement court, de l’ordre de quelques secondes. Donc la seule difficulté serait d’atteindre le bon bouton en temps et en heure. Car si il l’avait raté, le vote ne serait pas pris en compte. Alors que faire ?
- Augmenter la taille des boutons ? probablement pas, le problème n’est pas d’atteindre le bouton, mais le bon (Loi de Fitts).
- Augmenter la distance entre les boutons ? Sans doute pour éviter l’effet « gros doigt »
- Changer la disposition des boutons, par exemple mettre l’abstention au centre ou disposer les boutons en triangle. Même si ça ne résout pas le problème, ça limite le contre sens et évite de donner son vote à l’opposition.
- Rendre les boutons plus affordant en mettant sur le contre une croix rouge, le pour une coche verte et un rond bleu sur l’abstention.
- Fermer la buvette de l’assemblé nationale !
On observe que même sur un dispositif simple et connu les erreurs humaines ne sont pas négligeables.
Attention à ne pas confondre affordance et code…
Mais à quoi sert le bouton abstention… Il y aurait moins d’erreurs en réduisant le nombre de boutons, et l’absence de vote alors qu’un député est présent (ou somnole) sur son fauteuil devrait suffire à signifier une abstention.
J’aime beaucoup ton idée de convertir ces boutons en manette de jeu, on est bien dans la tendance actuelle à la gamification 😉 On peut penser à ajouter un quatrième bouton (on reste dans les clous pour Miller et Cowan en terme de charge cognitive) avec une mécanique propre et différente de la simple pression actuelle qui permette de valider de façon irrémédiable le vote.
Un bouton de validation ne va pas réduire les erreurs. Il va être utilisé par automatisme et sans relecture de la réponse. Cela ne ferait que complexifier les choses. Si on veut vraiment limiter les erreurs, il faudrait par exemple demander une tâche complexe et inattendue comme écrire « POUR » ou « CONTRE ». On voit cela sur les commandes de suppression très couteuses ; L’utilisateur doit taper « Supprimer » pour confirmer la suppression. Mais pour voter 4000 amendements, ça ne me parait pas adapté…
Oui, sans doute… surtout avec une contrainte de temps.
Ton article me fait interroger toutefois notre capacité à réduire ce taux d’erreurs là où l’action de voter (action censée être simple) est reconfigurée via une médiation technique à options multiples et utilisée dans un contexte fortement distracteur (bruit, fatigue…).
Tu as les travaux de Gabriel Michel et Eric Brangier (université de Lorraine) sur les machines de votes qui sont très pertinent sur le sujet.
Merci Raphaël, je vais jeter un coup d’œil à ces auteurs